Albert était dans un parc en plein après-midi. Un légionnaire aussi alcoolisé que lui en venait aux mains. Le ton montait, j'ai crié un "hey ! Salut Albert !"
Le légionnaire a perdu l'équilibre, Albert, je ne sais pas trop s'il m'a reconnue ou pas, m'a saluée en grand et s'est détourné de son slave en colère.
Quelques heures plus tard, Albert faisait le tour des terrasses, réclamant des cigarettes à tout le monde, à moitié pour fumer, à moitié pour faire chier les gens. Il a volé quelques verres aussi. Je le regardais de loin et me marrais bien. Il ne me regardait pas mais tendait un doigt vers moi, dans son dos, comme un lien entre nous.

J'ai connu Albert, appelons le comme ça, il y a quelques années dans un bar associatif africain, en fin de soirée. J'étais pétée, lui aussi, mais il me piquait verre sur verre : que j'en offre un ou pas, je buvais une gorgée et paf il prenait mon verre. Peu importe je n'étais plus en état.
Il a dépassé les 60 ans il y a un moment, beaucoup de ses dents se sont désolidarisées, ses vêtements sont trop grands et sa ceinture ficelle tient mal son pantalon.
On a pas mal causé, si causer est possible à ce stade. Je me souviens simplement que ceux qu'il cherchait étaient ceux que je n'aimais pas non plus, les arguments étaient complètement vaseux mais nous étions d'accord : eux, c'étaient des cons. Ses collègues soutenants m'accordaient que le gars avait un passé loin d'être aussi con qu'une cuite. Passé qu'il avait laissé là bas pour trouver l'alcool et la rue ici. Il avait quand même gardé son irrévérence si précieuse.
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